
Nom latinisé d’Ibn Rushd de Cordoue, à propos de qui v. Brigitte Blang, « Le 10 décembre 1198 : Mort d’Averroès », L’Heure du Peuple 8 déc. 2017, n° 1552 : « précurseur de la laïcité ? Sans aucun doute, puisqu’il affirme la primauté et l’autonomie de la raison sur la foi » ; la question est intéressante, mais la réponse en terme de « primauté » est révélatrice d’une conception antireligieuse de la laïcité, et je doute fortement qu’Averroès ait employé ce mot ou un équivalent.
En ce sens, Ali Benmakhlouf, « Averroès : La cohérence de la vérité », scienceshumaines.com mai-juin 2009 (extrait) : l’auteur (notamment) d’Averroès, Belles Lettres, 2000, écrit qu’il « n’a cessé de répéter que la vérité ne se contredisait pas elle-même. La notion de « double vérité » [l’une de la foi, l’autre de la raison] que le Moyen Âge latin a prêtée à Averroès est donc un contresens. Dans le « Discours décisif », Averroès écrit : « Puisque donc cette religion (charia) est la vérité, et qu’elle appelle à pratiquer l’examen rationnel qui assure la connaissance de la vérité, alors nous, musulmans, savons de science certaine que l’examen démonstratif n’entraîne aucune contradiction avec ce que dit la religion : car la vérité ne peut être contraire à la vérité, mais s’accorde avec elle et témoigne en sa faveur. Averroès soutient l’idée non seulement que la loi divine (charia) s’accorde avec les vérités issues de l’intellect, mais que la vie de l’homme doit être orientée en vue de réaliser cet accord ».
V. aussi Alexis Masson, « Averroès, l’Islam et la Raison [« Discours décisif » ou « Accord de la Religion et de la Philosophie »] », Philo Addict 27 avr. 2018, terminant avec beaucoup d’humour sur le « devoir islamique » de s’abonner à sa chaîne YouTube.
Quatre ans plus tôt, j’avais été conduit à regarder celle d’Oumma TV, en m’intéressant à la question suivante : « Peut-on parler de miracles scientifiques du Coran ? », 8 janv. 2013 ; de cet astrophysicien algérien, Nidhal Guessoum (traduit de l’anglais par Alessia Weil et Nidhal Guessoum), Réconcilier l’islam et la science moderne. L’esprit d’Averroès, Presses de la Renaissance (extrait du Prologue, oumma.com 23 janv. 2009).
Recensant le dernier livre que lui a consacré Jean-Baptiste Brenet (Le dehors dedans. Averroès en peinture, Macula, 2024), Patricia Desroches, « Averroès ou le « refoulé » de la philosophie médiévale », nonfiction.fr 12 janv. 2025 ; de ce professeur de philosophie arabe (entretien avec, par Ariane Nicolas), « Pour Averroès, la religion n’est que la traduction inférieure de ce que la philosophie dit parfaitement », philomag.com le 5 oct., rappelant qu’il « a découvert les textes d’Aristote par le biais des traductions réalisées dans l’Islam oriental à partir du Xe siècle, l’époque de la grandeur de Bagdad (Irak), celle du « cercle d’al–Kindi », mais aussi qu’avant de lui consacrer ses commentaires de philosophe, « Averroès est d’abord un juge et un juriste. Il exerce aussi comme médecin ».
Je renvoie à cette note Averroès à la 14ème de mon billet du 31 mai 2025 – v. la 6ème à propos de Yaqoub Ibn Ishâq Al Kindi (801-873) –, puis à la 6ème (là encore) de celui du 31 oct.
J’ajoute ici cette information de Laurent Verdi, « Qui est Laurent Hottiaux, le nouveau préfet des Alpes-Maritimes ? », france3-regions.franceinfo.fr 29 avr. : « Il était dans la promotion Averroès, la même que celle de la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher ou d’Alexis Kohler, ancien secrétaire général de l’Élysée » ; auteur d’ENA Circus, éd. du Cerf, 2018, David Brunat revenait le 18 octobre de cette année-là sur l’histoire de cette « promotion Averroès (1998-2000) », qui avait alors « déjà donné au pays deux ministres de la Culture – Fleur Pellerin et Audrey Azoulay » ; il ressort de cette tribune publiée dans lefigaro.fr/vox que d’aucuns « regrettèrent la défaite de Magellan », mais qu’il « fut retoqué après avoir été jugé « colonialiste » », alors que le nom retenu « fut défendu avec ferveur par ceux qui considéraient qu’il incarnait la tolérance, le dialogue entre les civilisations, l’affirmation de l’État de droit dans le monde musulman, etc. »…

