
Alors qu’il était depuis le mois de mars de cette année-là préfet de la Drôme, je lui avais consacré la note 11 de mon billet du 7 juill. 2019, « Grand Débat », petites maternités et droit(s). Je m’arrêtais sur son parcours à partir d’un billet d’Hervé Causse (v. ci-contre) et d’un entretien avec Arnaud Dumourier, lemondedudroit.fr 12 sept. 2012 (ainsi que celui plus récent avec Jean-Marie Portero, rcf.fr 25 juin 2019, qui n’est malheureusement plus disponible).
Bien avant de devenir préfet de la Drôme, Hugues Moutouh avait pu ranger parmi les « droits de groupe (…) les mesures de protection juridique des femmes enceintes » (« Contribution à l’étude juridique du droit des groupes », RDP 2007, pp. 479 et s.) ; v. depuis Danièle Lochak, « Penser les droits catégoriels dans leur rapport à l’universalité », La Revue des Droits de l’Homme 2013, n° 3, mis en ligne le 26 nov., ainsi que la fin de ce premier billet.
À la 6ème de celui du 31 oct. 2025, j’ajoutais d’une part qu’en juin 2019, lors d’une « visite menée par André Hasbanian, co-président du [centre culturel franco-arménien de Valence (CCAV)] » sur le chantier de l’école apostolique, Hugues Moutouh avait déclaré : « Vous pouvez compter sur l’engagement du représentant de l’État pour vous accompagner, vous aider également à développer vos projets » (I.A., « Le préfet en visite à l’école franco-arménienne [le jeudi 6] », Le Dauphiné Libéré le 9, document transmis par Jean Debraine – v. mes observations et attestation jointes aux mémoires de l’école musulmane, accessibles à partir de la première note de ce billet ; signalant aussi la « présence du maire de Valence Nicolas Daragon, de son homologue de Bourg-lès-Valence, Marlène Mourier [et] du père Antranik Maldjian » – notamment –, la version en ligne ne reprend pas cet extrait).
D’autre part, il avait finalement renoncé à poursuivre un militant valentinois (après avoir « décidé de rendre publique » sa « plainte, avant d’en informer » Hakim Madi, comme le faisait observer son avocat Jean-Yves Dupriez – cité par Audrey Morel, ledauphine.com 23 oct. ; v. aussi la vidéo associé à l’article de Clarisse Abattu, le 20) ; peut-être avait-il sous-estimé la mobilisation locale : v. le 9 nov. Entretemps, x.com/ajplusfrancais 27 oct., pour une prise de parole dans « un média en ligne qatarien appartenant au groupe Al Jazeera Media Network, lui-même (…) [accusé de] double discours sur les violations des droits humains en fonction du lieu où elles sont commises » (wikipedia.org/AJ+ au 12 sept. 2025, sans contenir toutefois de références postérieures à 2020 – année du discours dit des Mureaux, qui annonce rétrospectivement la politique actuelle relative aux « Frères musulmans » : v. le « Discours du Président de la République sur le thème de la lutte contre les séparatismes », elysee.fr le 2 oct.).
« Le jour même de son entrée en fonction comme préfet de l’Hérault, le 19 juillet 2021, il définit ainsi sa méthode devant les journalistes : « Un préfet doit aller vite et savoir un peu jouer un rôle de bulldozer ». Le 31 août 2021, il passe de la théorie à la pratique et fait détruire à coups de pelleteuses le plus gros bidonville de Montpellier » (Thierry Vincent, « Hugues Moutouh, un préfet bulldozer « extrêmement à droite » », blast-info.fr 23 janv. 2024, l’expression étant de Sophie Mazas, présidente de la LDH au niveau de ce département ; entre autres éléments, le journaliste rappelle son « apologie d’un délit (…), le 5 juillet 2023, sur France Bleu »).
Récompensé pour ses bons et loyaux services (« Décret du 9 [avril 2025] portant nomination du secrétaire général du ministère de l’intérieur », « à compter du 28 », selon le JO du 10), il fêtera son départ avec ces sous-entendus racistes et sexistes : « c’est davantage les Alpes-Maritimes que la Seine-Saint-Denis qui doit représenter l’avenir de notre pays ! » ; selon lui, pour aspirer à la représentation de l’État dans le département quitté, il faut « une vertu mâle, dont les hommes n’ont pas l’apanage, et une fermeté inébranlable, parce qu’il faut ici, plus qu’ailleurs, en toutes choses agir avec vigueur » (Nicolas Daguin, lefigaro.fr/nice le 25, qui n’y voit que des « adieux piquants »).
L’article de Blast rappelle son « tweet aux relents xénophobes nauséabonds, posté le 28 septembre 2022 et retiré quelques heures plus tard », en terminant sur son devoir de réserve en tant que préfet ; v. en premier lieu ce texte de l’avocat Romain Ruiz, « Pour une réponse collective au traitement xénophobe des faits divers », blogs.mediapart.fr 24 sept. 2025 : « Rappeler que la responsabilité individuelle ne doit jamais être confondue avec une identité collective devient une nécessité républicaine ».
En second lieu, v. les articles de Philippe Baqué, « Les préfets servent-ils toujours la République ? Fermeture des services à la population, répression des manifestations, décisions arbitraires », Le Monde diplomatique sept. 2025, pp. 22-23 (extrait : « à Tours comme ailleurs, la maltraitance des étrangers s’institutionnalise. Par la volonté politique de limiter l’immigration, mais également à la suite d’importantes restructurations qui dégradent l’exercice de l’État ») et Jérôme Hourdeaux, « Comment les préfectures censurent en amont les demandes de subventions associatives » (à partir d’une « note de l’Observatoire des libertés associatives, alors non encore publiée »), avec aussi « La prise de pouvoir des préfets sur l’action territoriale de l’État », Mediapart 15 oct. 2025 : s’arrêtant sur « trois décrets publiés le 30 juillet et une circulaire publiée le 5 septembre », mais aussi d’autres réformes de ces dernières années, le journaliste montre comment elles ont « contribué à politiser le corps préfectoral » (selon une formule de Serge Slama, professeur de droit public à l’UGA).

